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LES DEUX PAPINEAU

les Canadiens-Français que des serviteurs dociles et incapables de leur résister. Leur pensée, dès les premiers jours du régime anglais, fut que, malgré le traité de 1763, le Canada était destiné à devenir fatalement une province anglaise sinon protestante et qu’il fallait marcher vers ce but en anglifiant les lois, l’éducation et la langue des Canadiens-Français. Cette pensée, ce désir étaient naturels. Les races conquérantes ont toujours voulu imposer aux vaincus, aux pays conquis leurs lois, leur langue et leur religion. Tant mieux pour elles lorsqu’elles ont affaire à un peuple trop faible ou trop lâche pour leur tenir tête. Les Canadiens-Français ne tardèrent pas à montrer qu’ils étaient d’un sang trop noble et trop généreux pour trahir leur foi et leur origine. Leurs protestations furent énergiques, leurs déclarations imposantes, leurs demandes de justice et de réforme pleines de vigueur et de dignité.

Les événements vinrent à leur secours.

Lorsque l’Angleterre vit ses colons américains menacer sa domination, elle comprit la nécessité de s’attacher les Canadiens--