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qu’il s’agissait de justice, de liberté ou de patriotisme. Natures d’élite, humbles et modestes, faibles même en apparence, mais inflexibles, que les nobles sentiments, les grandes questions d’intérêt politique ou national transforment et exaltent jusqu’à l’héroïsme !

M. Girouard contribua puissamment à répandre, dans la paroisse de Saint-Benoît et les paroisses environnantes, ses sentiments de résistance et d’indépendance patriotique.

Le Dr Labrie, qui représentait le comté des Deux-Montagnes, étant mort en 1830, on crut que l’homme le plus digne de le remplacer à l’Assemblée législative était M. Girouard. M. Girouard accepta, fut élu et continua de représenter le comté des Deux-Montagnes jusqu’en 1837, pendant l’époque la plus tourmentée de notre histoire politique.

Comme il n’aimait pas à parler, il ne prit pas une part considérable aux débats violents dont l’Assemblée législative fut le théâtre, mais n’en acquit pas moins une grande autorité auprès de ses collègues par l’étendue de ses connaissances, la fermeté de ses convictions et l’aménité de son caractère. Il rendit de grands services au pays en s’occupant de questions municipales et d’éducation dont il avait fait une étude spéciale, et qui étaient à cette époque généralement ignorées. Il fut fidèle à la cause libérale jusqu’à la fin, vota avec les patriotes en faveur des quatre-vingt-douze résolutions, du refus des subsides, et de toutes les lois qui avaient pour but de revendiquer les droits de la Chambre.

Lorsque le gouvernement anglais eut achevé d’exaspérer le pays en autorisant lord Gosford à prendre sans scrupule dans le coffre public, l’argent dont il aurait besoin, M. Girouard prit part aux assemblées qui eurent lieu dans un grand nombre de comtés pour protester contre cette violation des prérogatives de la