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française. Quoique M. Girouard n’ait pas joué dans la politique un rôle aussi brillant que les Viger et les Morin, l’influence qu’il a exercée sur son époque par ses conseils et ses exemples, lui donne droit d’être placé à côté de ces hommes dans le Panthéon canadien.

À Québec appartient l’honneur d’avoir donné au pays cet excellent citoyen. M. Girouard y naquit, le 11 novembre 1795, d’une famille acadienne. Son père, qui commandait un petit bâtiment sur le fleuve Saint-Laurent, périt dans une tempête vis-à-vis de Saint-Valier, le laissant orphelin à l’âge de cinq ans. Sa mère, restée veuve avec trois enfants, sans aucun moyen d’existence, eut le bonheur d’être recueillie par un vénérable prêtre, M. Gatien, l’aîné, alors curé de Sainte-Famille. Le bon prêtre ayant été appelé à desservir la paroisse de Sainte-Anne des Plaines, dans le district de Montréal, et plus tard celle de Saint-Eustache, la famille Girouard le suivit.

M. Gatien remarqua de bonne heure l’intelligence précoce et les bonnes dispositions du jeune Girouard, et s’appliqua à les développer. « On raconte même, dit M. Morin, que, surpris de l’ordre avec lequel son pupille arrangeait tout ce qui faisait le sujet de ses occupations, il l’avait comparé à un faiseur de lois. » La manière dont le jeune Girouard profita de ses leçons, le récompensa dès ici-bas de sa charité et de son dévouement pour une famille malheureuse.

Combien d’hommes utiles, de prêtres et de citoyens distingués nous devons au patriotisme et à la charité d’hommes, de prêtres généreux comme M. le curé Gatien ! C’est là une des plus grandes gloires du clergé canadien, l’un de ses titres les plus incontestables à la reconnaissance du pays.

Malheureusement, cette rosée du ciel qu’on appelle « la protection » ne tombe pas toujours sur une bonne