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les patriotes

souffrir. Après l’union des Canadas, il s’éloigna de la politique et resta neutre jusqu’au retour de M. Papineau dont il fut toujours l’ami et le partisan.

Nommé maire de Montréal, en 1849, et réélu, malgré lui, en 1850, il ne cessa de mériter jusqu’à sa mort l’estime, la confiance et la reconnaissance de ses compatriotes. Il fut victime du choléra de 1854 et sa mort provoqua dans le pays entier les regrets les plus profonds.

Mgr Fabre est le fils de cet homme de bien.


édouard rodier


Rodier avait trente-deux ans en 1837 ; il était avocat, plein de talent et d’esprit, joli garçon, aimable, galant, gentilhomme et brave. Il était l’un des chefs et l’orateur chéri des Fils de la liberté.

C’est lui qui parlait, à la grande assemblée de la rue Saint-Jacques, le 6 novembre, lorsque les membres du Doric Club attaquèrent les Fils de la liberté.

— On nous attaque s’écria-t-il, eh bien ! c’est bon, bientôt on ne nous appellera pas seulement les « Fils de la liberté », mais encore les « Fils de la victoire. »

Il avait prouvé, quelques jours auparavant, qu’il était aussi brave en actions qu’en paroles.

Se trouvant, le 29 octobre, dans un hôtel avec quelques amis, quelqu’un lui dit que les sentinelles postées aux corps de garde de la vieille prison et du coin des rues Notre-Dame et Gosford, avaient reçu ordre de ne laisser passer personne sur le trottoir.

— Il n’en sera pas ainsi, dit Rodier, je vais voir immédiatement si on osera exécuter une pareille ordonnance.

Il sortit — habillé comme tout bon patriote l’était, en étoffe du pays — et prenant le trottoir du côté nord-