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commis aucun acte de violence à Saint-Benoît non plus qu’à Saint-Hermas et à Sainte-Scholastique. C’est à M. Dumouchel même que M. Brown a communiqué ceci avec d’autres choses que je ne puis rapporter ici.

« Quoi qu’il en soit, l’on fit rassembler dans ma cour, qui est très large, comme vous savez, un nombre considérable d’habitants ; ils y furent mis en rang, et l’on braqua sur eux deux canons par la porte-cochère, en leur disant qu’on allait les exterminer en peu de minutes. Il n’est point d’injures et d’outrages dont on ne les accabla, et de menaces qu’on ne leur fit pour les intimider et les forcer à déclarer la retraite de tous ceux que l’on appelait leurs chefs. Aucun d’eux ne put ou ne voulut donner le moindre indice, et les indignités que les officiers leur firent endurer furent en pure perte. Des officiers avaient appris que Paul Brazeau m’avait conduit jusqu’aux Éboulis. Ils le mirent pour ainsi dire à la question pour le forcer à indiquer ma retraite. Ils lui mirent le pistolet sur la gorge, le firent plusieurs fois étendre sur un billot en menaçant de lui couper la tête, mais le généreux patriote resta ferme et nos barbares en furent pour leurs violences. Je ne sais pourquoi ils firent prendre les noms de tous ceux que l’on fit rassembler chez moi et qui furent ensuite congédiés.

« Alors commencèrent des scènes de dévastation et de destruction comme on n’en vit jamais de plus atroces, le meurtre seul excepté, dans une ville prise d’assaut et livrée au pillage après un long et pénible siège. Ayant complètement pillé le village, l’ennemi y mit le feu et le réduisit d’un bout à l’autre en un monceau de cendres. Il se dirigea ensuite de divers côtés, pillant et brûlant sur son passage toutes nos concessions de Saint-Benoît. À Saint-Hermas, il y eut un nombre considérables d’animaux et d’effets emportés, la superbe maison et les dépendances du capitaine Laurent Aubry