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Deux vieux canons rouillés avaient été transportés dans les retranchements, mais ils ne furent d’aucun service : l’un ne rendit pas sa charge, et l’autre ne partit qu’une fois.

Que pouvait faire cette poignée d’hommes mal armés, sans chef, contre des forces si imposantes ? Cependant, ces hommes, comme ceux de Saint-Denis avaient résolu de se battre, rien ne pouvait les en empêcher. La nouvelle de la victoire de Saint-Denis avait achevé de leur monter la tête, de les enthousiasmer ; ils voulaient en faire autant.

Le colonel Wetherall donna le signal de l’attaque ; la lutte commença. Les premières décharges des patriotes jetèrent le désordre parmi les troupes, qui ne s’attendaient pas à un feu aussi vif et aussi nourri. Des témoins oculaires prétendent qu’une trentaine de soldats furent tués ou blessés en quelques instants. Tant que les retranchements tinrent bon, la victoire sembla indécise ; mais ils s’écroulèrent sous les coups répétés de l’artillerie, et le colonel Wetherall donna l’ordre de charger à la baïonnette. Ce fut alors une véritable boucherie. Quelques uns des patriotes parvinrent à s’échapper ; la plupart soutinrent la charge avec héroïsme ; n’ayant plus de munitions, ils se battaient à coups de crosse de fusil. Parmi ceux-là, on remarquait M. Amiot, député de Verchères, Augustin Papineau, de Saint-Hyacinthe, Amable et J.-Bte Hébert, qui furent tués tous deux en se battant comme des lions. Siméon Marchessault put échapper en lançant son cheval pardessus les retranchements, et reçut une balle qui alla se loger dans la poche de son habit.

Antoine Maynard conserva la vie en faisant le mort ; les soldats le trouvèrent étendu sur la terre près des remparts ; voulant s’assurer s’il était bien mort, il lui tirèrent un coup de fusil dans le poignet et le lardèrent avec leurs baïonnettes à divers endroits du corps.