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patriotes qui y étaient disséminés. On prétend qu’une fois parti, il ne s’arrêta que lorsqu’il fut rendu à Saint-Denis ; mais il paraît certain qu’ayant parcouru le village, il reprit le chemin du camp, poussant devant lui quelques hommes mal armés. C’est alors qu’il rencontra un habitant qui le cherchait pour lui dire, de la part du colonel Wetherall, que si les patriotes laissaient tranquillement les troupes continuer leur route vers Saint-Denis, il ne leur serait fait aucun mal. Brown, ne sachant pas ce qui se passait, s’imagina que le général anglais devait se trouver dans un grand embarras pour lui faire une pareille proposition ; il lui écrivit qu’il laisserait les troupes passer si elles déposaient les armes. Il confia son message à un nommé Durocher, et continua à galoper vers le camp.

Il raconte que, s’étant arrêté un instant près de l’église pour voir quel usage il pourrait faire d’un ravin qui se trouvait là, trois décharges d’artillerie le forcèrent à s’écarter du chemin. Il vit que la bataille était commencée, essaya de rallier les gens qui commençaient à fuir, et, s’apercevant que tout était fini, il prit le chemin de Saint-Denis.

En effet, il avait à peine quitté le camp que le colonel Wetherall, qui n’avait pas reçu de réponse à son message, arrivait, tournait les retranchements, et prenant possession de la colline qui les dominait, y plaçait son artillerie.

On dit que Wheterall prit son temps avant d’attaquer les retranchements, dans l’espoir que le déploiement de ses forces ferait réfléchir les insurgés et les déciderait à mettre bas les armes.

Mais les hommes renfermés dans le camp étaient l’élite des patriotes, des braves bien décidés à se battre. Ils étaient environ deux cents dont une centaine armés de fusils, de vieux fusils à pierre tout délabrés ; les autres étaient munis de faulx, de bâtons et de piques.