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les patriotes

Gauvin alla, à la tête d’une escouade de dix-sept hommes, prendre possession de la maison de M. Debartzch, une grosse maison en pierre située au sud du chemin et à quelques pas de la rivière. C’était l’endroit choisi pour le camp, le lieu de bataille où les patriotes devaient se battre contre les troupes. La maison fut percée de meurtrières et entourée d’un rempart d’arbres renversés, qui s’étendait depuis une colline en arrière jusqu’à la rivière.

C’était absurde.

De la colline, l’artillerie pouvait balayer le camp, et les patriotes n’avaient pas d’issue pour fuir en cas de défaite.

Le 25, vers deux heures de l’après-midi, les troupes anglaises furent signalées ; composées de trois ou quatre cents hommes bien équipés et armés, elles offraient un spectacle imposant. Le temps était froid, sec, les chemins durs ; elles s’avançaient rapidement, mettant le feu aux maisons et aux granges, à celles surtout d’où on tirait sur elles. Les piquets que Brown avait placés de distance en distance leur envoyèrent plusieurs balles qui leur tuèrent un homme et en blessèrent un autre ; mais, à l’exception d’une dizaine de patriotes qui continuèrent à tirer en retraitant, les autres s’enfuirent rapidement vers le camp.

Les champs étaient couverts de femmes et d’enfants affolés, fuyant devant les troupes ; une femme n’ayant pas eu le temps de se sauver, fut trouvée morte après la bataille, au milieu des ruines fumantes de sa demeure. Brown, voyant parmi les fuyards un certain nombre de ceux qui avaient pour armes des piques et des bâtons, ordonna à Des Rivières d’aller les placer à l’entrée du bois. Il donnait en même temps à Gauvin l’ordre de conduire à Saint-Hyacinthe quelques prisonniers. Lui-même, remettant le commandement à Marchessault, partait en disant qu’il allait au village chercher les