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soulever contre le nouveau ministère les flots du fanatisme.

La tempête éclata furieuse, menaçante ; le spectacle fut émouvant, dramatique.

On vit aux prises, dans la mêlée, les anciens bureaucrates et patriotes de 1837-1838, heureux enfin de se trouver face à face, pour se demander compte réciproquement de leur conduite, et plaider la cause pour laquelle ils avaient combattu et souffert. C’était la lutte commencée sur les champs de bataille de 1837-1838, qui se terminait dans l’arène parlementaire par un combat moins dangereux mais aussi acharné !

Aux Canadiens-français qui ne voient dans les patriotes que des rebelles indignes d’estime et de sympathie, rappelons, pour les faire rentrer en eux-mêmes, les témoignages rendus en leur faveur par des Anglais.

Le Dr Wolfred Nelson était là.

Quand il entendit hurler à ses oreilles les cris de traître et de rebelle, il se leva comme un lion en furie, et lança à ses adversaires, d’une voix tremblante de colère et d’émotion, l’apostrophe suivante :

« Je déclare à ceux qui nous appellent, moi et mes amis des traîtres, qu’ils en ont menti par la gorge et je suis prêt à prendre ici ou ailleurs la responsabilité de ce que je dis. Mais, M. l’Orateur, si l’amour que je porte à mon pays, si l’attachement que j’ai pour la couronne anglaise et notre glorieuse souveraine, constituent le crime de haute trahison, oh ! alors, vraiment je suis un rebelle. Mais je dis à ces messieurs en pleine figure que ce sont eux et leurs pareils qui font les révolutions, renversent les trônes, foulent aux pieds dans la poussière les couronnes et brisent les dynasties. Ce sont leurs iniquités qui soulèvent les peuples et les jettent dans le désespoir. Je renonce volontiers à toute réclamation pour les pertes considérables qu’on m’a si cruellement infligées, car j’espère, avec la grâce de la