Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/289

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
265
les patriotes

LES EXILÉS DE 1838


Cent douze patriotes subirent leur procès, devant la cour martiale, du mois de novembre au mois d’avril ; quatre-vingt-dix-huit furent condamnés à mort, douze furent exécutés, douze mis hors de cause ou acquittés, trente libérés sous caution, et cinquante-huit exilés.

Comme nous l’avons dit, les prisonniers condamnés à mort languirent des semaines et des mois, sous le coup de la terrible sentence, dans les angoisses de l’incertitude. Chaque fois qu’on ouvrait la porte de leurs cellules, ils se demandaient si c’était pour les avertir de se préparer à monter sur l’échafaud. On peut se faire une idée des inquiétudes mortelles de leurs familles, de la tristesse de leurs entrevues avec leurs femmes, leurs enfants et leurs amis.

Que de larmes ! Que d’adieux désespérés ! Que de pauvres mères, de malheureuses femmes, brisées par la douleur, tombaient évanouies aux pieds d’un fils bien-aimé, d’un époux chéri ! Pauvres femmes ! devaient-elles souffrir quand pour se rendre à la prison ou en sortir, il leur fallait passer sous l’échafaud où la veille, le matin même, Cardinal, de Lorimier ou Nicolas avaient subi le terrible supplice ! Les cordes souvent étaient encore pendantes !

Lorsque les prisonniers se voyaient, le lendemain de ces lugubres holocaustes, ils se saluaient en disant :