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charges et les devoirs de la vie, à un âge où l’on n’en voit généralement que les plaisirs et les illusions.

Mme Duquet, connaissant le cœur de son fils, n’hésita pas à sacrifier le peu qui lui restait pour lui permettre d’étudier la profession de notaire qu’il avait adoptée.

Il eut d’abord pour patrons Cardinal et de Lorimier.

Tout le secret de sa destinée est là. On comprend l’effet que produisit sur cette nature généreuse et dévouée le patriotisme ardent de ces deux hommes.

Le sort voulut qu’il allât compléter sa cléricature chez son oncle Demaray, notaire de Saint-Jean et député, au moment même où les autorités faisaient arrêter ce dernier avec le Dr Davignon. Cette arrestation acheva d’exaspérer Duquet. Il aurait voulu l’empêcher par la force ; il disait hautement qu’on aurait dû se préparer à recevoir la troupe à coups de fusil. Mais les patriotes, pris à l’improviste, n’avaient pas eu le temps de se préparer.

Duquet voyant la résistance inutile, part à course de cheval pour Montréal, afin de prévenir les amis de ce qui venait de se passer et de prendre les moyens d’arracher les prisonniers aux mains de la police. Arrivé à Laprairie, il ne peut traverser ; les communications sont rompues. Il se rend alors à Longueuil et a le plaisir d’apprendre en arrivant dans ce village que Bonaventure Viger et une vingtaine de braves avaient délivré les prisonniers sur le chemin de Chambly. Il se fit conduire à l’endroit où étaient les patriotes et arriva au moment où ils célébraient la victoire qu’ils venaient de remporter. Quand on connut le but de son voyage, on le félicita chaleureusement et on lui fit une véritable ovation.

Mais lorsqu’après les fumées de l’enthousiasme on se demanda ce qu’on devait faire, on arriva à la conclusion que pour échapper aux poursuites du gouvernement, il fallait fuir. Quelques uns se rendirent à Saint-Denis,