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les patriotes

Quelle nuit pour l’un et l’autre, ou plutôt quelle agonie ! Cardinal cependant redevint calme, il dormit peu et pria la plus grande partie du temps.

Le lendemain, vers neuf heures, Cardinal et Duquet étaient à s’entretenir avec le ministre de Dieu, lorsqu’on vint les avertir de se préparer. « Nous sommes prêts, dirent-ils, » et ils se remirent entre les mains du bourreau pour subir le supplice décoré du nom de « toilette des condamnés. »

Quelques minutes après, ils gravissaient les degrés de l’échafaud, pendant que les prisonniers, leurs amis et leurs compagnons, presque anéantis par la douleur, essayaient de réciter le De profondis.

Le ciel était sombre ; d’épais nuages le couvraient d’un immense suaire que le vent soulevait en poussant des gémissements. Tout, au ciel comme sur la terre, respirait la tristesse.

Tout à coup un immense cri d’angoisse s’échappa de la foule qui encombrait les abords de la prison. La trappe était tombée ; tout était fini. La liberté comptait un martyr de plus.

Pendant ce temps-là une pauvre femme à genoux avec ses quatre enfants qu’elle inondait de ses larmes, adressait au ciel les supplications les plus touchantes.