passant sur le corps, s’il le fallait, et de se disperser paisiblement à la Place-d’Armes avant l’arrivée des troupes. Ils s’armèrent de bâtons — les deux partis en avaient toujours à leurs lieux de réunion — formèrent quatre colonnes de deux de front, et ouvrant les portes de la cour, s’élancèrent dans la rue au pas de charge. À la vue de ces hommes déterminés, la foule s’ouvrit pour leur livrer passage, et les membres du Doric Club s’enfuirent à toutes jambes du côté de la Place-d’Armes.
Mais ils se rallièrent, et par trois fois essayèrent d’entamer le petit bataillon des Fils de la liberté. Les pierres pleuvaient de tous côtés, il y eut plusieurs coups de pistolet, mais personne ne fut tué.
Les Fils de la liberté ayant chassé devant eux les membres du Doric Club jusqu’à la Place-d’Armes, se séparèrent à cet endroit, comme ils en étaient convenus. Ils firent bien, car ils étaient à peine dispersés que la troupe et les volontaires arrivaient de tous côtés pour arrêter le désordre en prêtant main forte à ceux qui l’avaient créé.
Un petit groupe des Fils de la liberté fut odieusement maltraité à l’entrée de la rue Saint-Laurent, et plusieurs personnes inoffensives furent attaquées. C’est ainsi que M. Brown, qui s’en retournait tranquillement, seul, fut lâchement attaqué au coin des rues Saint-Jacques et Saint-François-Xavier, et frappé sur la nuque d’un coup de bâton qui l’étendit sans connaissance. On l’aurait tué là si quelqu’un ne l’avait arraché à ces forcenés en le couvrant de son corps. Les coups qu’il reçut sur la tête furent si violents qu’il en perdit un œil.
N’ayant plus d’ennemis à combattre, les membres du Doric Club, groupés derrière les troupes, paradèrent dans les rues et parcoururent la ville en triomphateurs, aux applaudissements des bureaucrates. Ils se ven-