Odelltown, situé à trois milles de Lacolle, est un point stratégique important, une base d’opération précieuse dans une guerre entre le Canada et les États-Unis.
Odelltown et Lacolle au pouvoir des bureaucrates, c’était la ruine des plans de Nelson qui se trouvait privé de ses communications avec les États-Unis pour avoir des secours ou opérer sa retraite en cas de défaite. Tous les patriotes, convaincus de l’importance d’enlever ce poste à l’ennemi, se couchèrent satisfaits de la résolution qui venait d’être prise. Le lendemain, 10 novembre, ils furent sur pied de bonne heure et partirent pour Odelltown au nombre de quatre à cinq cents, armés, comme nous l’avons dit. Il était entendu que les patriotes qui n’avaient pas de fusils prendraient ceux des ennemis qui seraient tués pendant le combat.
Les volontaires, au nombre de trois cents, étaient bien armés, pourvus de munitions, en possession d’un canon, et fortement retranchés dans l’église d’Odelltown. Les chefs patriotes virent bien que le combat serait rude, la victoire difficile à gagner ; mais il était trop tard pour reculer, il fallait marcher.
La petite armée s’avança en trois colonnes, celle du centre sous le commandement du major Hébert, la droite commandée par Hindelang, qui avait pour lieutenant M. Hypolite Lanctôt, et la gauche sous les ordres du général en chef Nelson.
Ce fut la colonne du centre qui essuya, la première, le feu de l’ennemi ; le cheval du major Hébert, atteint légèrement par un boulet de canon, renversa son cavalier et s’élança à bride abattue à travers les champs. Hébert se releva aussitôt, et, voyant le danger auquel la colonne qu’il commandait était exposée en suivant le chemin public, donna ordre à ses soldats de se diviser et de se joindre aux colonnes de la droite et de la gauche, qui s’étaient embusquées, l’une derrière une