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Canada il ne lui restait plus rien ; les soldats qu’il avait battus étaient retournés à Saint-Denis et avaient bravement vengé leur défaite en incendiant toutes ses propriétés.

Lorsque M. Lafontaine eut fait adopter par la Chambre son bill d’amnistie générale, il se hâta d’en profiter pour revenir dans le pays. Il s’établit à Montréal où les sympathies et la confiance publiques lui créèrent en peu de temps une belle clientèle.

Mais sa nature militante et sa popularité devaient bientôt le rejeter encore dans les luttes politiques. Il fut de ceux qui, sous la sage conduite de M. Lafontaine, acceptèrent le nouvel ordre de choses et crurent y voir les moyens de conquérir les droits politiques pour lesquels il avait si vaillamment combattu. En 1845, les électeurs du comté de Richelieu, qui ne l’avaient pas oublié, lui demandèrent de poser sa candidature contre Denis-Benjamin Viger, qui avait accepté la tâche difficile de gouverner le pays contre les vœux de la majorité bas-canadienne.

La lutte fut vive, mais la parole et la présence de Nelson réveillèrent dans les campagnes où il avait autrefois vécu, des sympathies dont il fut impossible de triompher. Les habitants du comté de Richelieu se seraient crus déshonorés de rejeter l’homme qui pour la cause nationale avait tant souffert, celui de leurs chefs qui était resté avec eux jusqu’à la fin, celui qui avait battu les Anglais à Saint-Denis.

Nelson fut touché des preuves de reconnaissance et d’amitié qu’on lui donna dans cette élection, il apprit à estimer davantage ce qu’il y a, ce qu’il y avait surtout à cette époque de bon, de noble et de généreux dans le cœur de la population canadienne-française.

La peine qu’il se donna pour le succès du bill d’indemnité, la chaleur avec laquelle il plaida la cause des Canadiens, soulevèrent contre lui les colères et les vengeances des fanatiques. Aussi, lors-