rent et le firent prisonnier. Ce fut un bonheur pour lui, car il était épuisé et n’aurait pu mener longtemps encore une existence aussi misérable. La nouvelle de son arrestation produisit une grande joie parmi les bureaucrates. Lorsqu’il traversa les rues de Montréal, ils s’attroupèrent autour de la voiture qui le conduisait en prison, et plusieurs d’entre eux, les lâches ! l’insultèrent ; on dit même qu’un misérable osa lui cracher à la figure.
Lorsque les exploits sanglants de Colborne eurent rétabli le calme dans le Bas-Canada, il fallut songer aux prisonniers qui encombraient les prisons. Lord Gosford avait été rappelé en Angleterre, au mois de janvier 1838, et deux mois après, Lord Durham avait été nommé gouverneur-général et commissaire royal chargé de pouvoirs extraordinaires.
Il avait pour mission spéciale de faire une enquête sur la situation du pays et d’adopter les mesures nécessaires pour rétablir la paix dans les deux provinces. Ne sachant trop que faire des prisonniers politiques et croyant qu’un acte de clémence aurait un bon effet sur l’esprit de la population, il lança, dans le mois de juin, une ordonnance qui graciait presque tous les détenus, mais en condamnait huit sans procès à la déportation aux Bermudes.
Ces huit victimes étaient Wolfred Nelson, MM. Bouchette, Bonaventure Viger, Marchessault, Gauvin, Goddu, R. DesRivières et le docteur H. Masson. Ils partirent pour leur triste exil, le 7 juillet, à bord du vaisseau royal le Vestal ; mais ils n’y furent pas longtemps, car trois mois après, le parlement impérial annulait l’ordonnance de Lord Durham, qui les avait condamnés sans procès.
Nelson quitta les Bermudes, mais comme il ne pouvait pas revenir dans le pays où on aurait pu l’arrêter de nouveau, il s’établit à Plattsburg avec sa famille, et se remit à la pratique de sa profession. Il avait besoin de travailler pour refaire sa fortune, car de tout ce qu’il avait si péniblement acquis au