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Il n’y a pas de preuve que Jalbert ait contribué à la mort du défunt ; l’eût-il fait, ce n’est pas un procès pour meurtre qu’on devrait lui faire, mais pour haute-trahison ; car la mort du lieutenant Weir est un fait politique, un incident regrettable d’une insurrection, l’acte d’un gouvernement de facto, et la faute, s’il y a faute, est celle de tout un peuple.

Nous croyons donner une idée de l’éloquent plaidoyer de M. Mondelet, en reproduisant le passage suivant :

« L’acte dont le prisonnier est accusé est tel, que s’il eût été commis dans des circonstances ordinaires, il y aurait de quoi frémir ; mais il est facile de voir de suite que cet acte n’est autre chose qu’un malheureux incident d’un drame encore plus malheureux, que des causes imprévues et extraordinaires ont amené.

« Je dis que le drame malheureux qui a été joué en 1837, a été amené… il a été accéléré, messieurs, après avoir été produit par la conduite du gouvernement même. Il est connu de vous tous que le gouvernement impérial n’ayant tenté rien de moins que de mettre la main sur nos deniers, sans le consentement de la législature de ce pays, des assemblées nombreuses furent tenues dans différentes parties de la province, dans l’été de 1837. Des résolutions énergiques furent adoptées ; et il fut, entre autres choses, déterminé que l’on détruirait par la non-consommation, un revenu que le gouvernement avait la prétention inconstitutionnelle et injuste de s’approprier sans notre consentement. L’assemblée des Six Comtés eut enfin lieu, à Saint-Charles, en octobre 1837, et là aussi, on adopta des résolutions aussi énergiques que les circonstances l’exigeaient. Dans la supposition où l’on y aurait fait quelque chose de répréhensible, aux yeux des lois (ce que je n’admets point, me bornant à le supposer, pour donner plus de latitude au gouvernement), dans ce cas-