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trompette. Il se dirigea sur Saint-Denis où il trouva les patriotes dans la plus grande excitation et décidés à défendre le Dr Nelson, si les troupes venaient pour l’arrêter. Inutile de dire que Viger fut accueilli avec enthousiasme ; on accourait de tous côtés pour le voir et entendre de sa bouche le récit de son exploit.

Nelson comprenant l’importance d’un homme comme Viger, dans les circonstances, lui conseilla de s’en retourner et d’organiser les patriotes de Longueuil et de Boucherville. Viger partit, mais en passant à Saint-Charles, il fut arrêté par Brown, qui venait de former un camp dans ce village et qui lui donna le commandement de l’avant-garde des patriotes, composée de vingt hommes et chargée de surveiller les mouvements de l’ennemi.

Deux détachements de réguliers avaient reçu ordre, comme on sait, de marcher sur Saint-Charles, où ils devaient opérer leur jonction. Celui qui venait de Sorel, sous les ordres du colonel Gore, s’étant fait battre à Saint-Denis, ne put aller plus loin, mais l’autre, que commandait le colonel Wetherall, continua sa route jusqu’à Saint-Charles. Viger et ses hommes retardèrent autant que possible la marche des réguliers en coupant les ponts sur les rivières, et profitèrent de toutes les chances que leur offrait le terrain pour envoyer plusieurs balles aux soldats. À l’entrée du village, Viger et Lambert culbutèrent les deux officiers qui marchaient en tête des réguliers.

Viger avait dit au brave Lambert :

— Choisis ton homme, moi je prends les plumes blanches.

— C’est bien, dit Lambert, moi je prends les plumes rouges.

Ils tirent et les deux officiers tombent blessés, l’un à la jambe et l’autre à l’épaule. La troupe, furieuse,