fort, afin d’en finir plus vite. Le colonel le rassura en lui disant qu’il ne fallait pas ajouter foi à toutes ces histoires de fusillades.
Le lendemain, M. Masson fut conduit avec son frère à Montréal. En arrivant dans le vestibule de l’ancienne prison de Montréal, ils trouvèrent M. l’abbé Blanchet, le curé patriote de Saint-Charles, qui venait d’être arrêté. Après quelques pourparlers entre le procureur général Ogden et le shérif, les prisonniers furent attachés avec des cordes les uns aux autres, et escortés jusqu’à la prison par une compagnie de carabiniers sous le commandement du major C. Sabrevois de Bleury.
M. Masson trouva dur d’être enfermé dans une cellule à peine assez grande pour le contenir, avec une livre et demie de pain par jour et le plancher nu pour lit.
Un jour, il demanda au shérif qui lui avait ôté tout son argent, de lui remettre quelques piastres dont il avait absolument besoin ; le shérif refusa. Alors le Dr Masson, qui faisait de la bile depuis longtemps, jugea que c’était le temps de s’en débarrasser ; il fit au shérif une terrible semonce qui l’impressionna, car il alla aussitôt s’en plaindre à M. Girouard.
— M. Masson ne vous a rien dit de trop, se contenta de répondre M. Girouard.
Les prisonniers, fatigués de cette vie de privations et d’anxiété, demandaient vainement qu’on fit leur procès et qu’on décidât de leur sort. Colborne hésitait, retardait. Enfin, lord Durham arriva, et l’on sait comment il régla cette épineuse question. Le Dr Masson fut exilé aux Bermudes.
Permission ayant été donnée aux exilés, la veille de leur départ, de voir leurs familles, Mme Masson se rendit à la prison pour faire ses adieux à ce fils qu’elle aimait tant.