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LAURIER ET SON TEMPS

lion du jubilé. Appelé dans les salons de la haute aristocratie, où les belles manières jouent un si grand rôle, comme dans les cercles, les académies et les banquets où règne l’éloquence, il brillait au premier rang. Ses discours publiés dans tous les journaux étaient commentés, approuvés, admirés pour le fond comme pour la forme. Sa connaissance de l’histoire de l’Angleterre et du monde entier, lui permettait de varier ses discours et d’évoquer des souvenirs qui étonnaient ses auditeurs.

Comment ne pas admirer des paroles patriotiques comme celles qu’il prononçait au banquet du Dominion Day :

« Quelques-uns des hôtes réunis, ce soir, à cette table ont eu et le privilège et le plaisir de commémorer la naissance d’une jeune nation. Peut-être cependant la célébration de cette fête tient-elle aujourd’hui son charme et son plaisir de ce fait qu’elle prend place sur le sol de la vieille mère patrie.

« S’il m’est permis d’exprimer mes propres sentiments, je dirai sans hésitation que jamais peut-être mon pays natal ne m’a été plus cher qu’il ne l’est en ce moment même.

« Je puis dire que j’aime l’Angleterre, j’aime l’Écosse, j’aime l’Irlande, mais qu’il me soit en revanche permis de dire que la première place dans mon cœur est pour le Canada, mon pays natal. Nous, Canadiens, nous aimons le Canada, notre terre natale ou notre terre d’adoption, et nous en sommes fiers. Nous en sommes fiers autant que de son histoire aussi romantique et aussi touchante qu’une fiction. »

. . . . . . . . . . . . . . .

Il terminait en disant :

« Si, à mon lit de mort, je puis dire que, grâce à mes efforts, une seule erreur a disparu, un seul préjugé a été détruit, qu’au prix de mes efforts les inimitiés de race ont