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LAURIER ET SON TEMPS

Mills, les Bernier, les Joly, et ensuite les Préfontaine, les Fitzpatrick, les Brodeur, les Sutherland, etc…

Dès la première session, le ministère Laurier fit face à l’éternelle question du tarif.

Pour rassurer les manufacturiers effrayés, M. Laurier avait, dans le cours des élections de 1896, exprimé l’opinion que le pays avait trop besoin de revenus pour qu’on pût songer à l’abolition complète des droits de douane, que si le parti libéral arrivait au pouvoir, il saurait concilier l’intérêt des manufacturiers avec celui des consommateurs, en établissant un tarif de revenu.

Il tint parole.

Le nouveau tarif diminuait les droits sur des articles de première nécessité, et les élevait sur les objets de luxe ou de fantaisie, sur l’alcool et le tabac ; le principe des droits ad valorem y dominait.

Mais les droits sur les marchandises qui pouvaient faire concurrence aux produits des manufactures canadiennes, restèrent à peu près les mêmes.

Le trait le plus caractéristique du nouveau tarif fut une réduction des droits de douane sur les marchandises anglaises. Cette réduction devait se faire graduellement, depuis quinze jusqu’à 33 pour cent. Les manufacturiers furent généralement satisfaits ; les plaintes furent isolées, et on s’accorda à reconnaître que le gouvernement libéral, soutenu par un si grand nombre de députés libre-échangistes, ne pouvait guère faire mieux.

Cette réduction en faveur des marchandises anglaises fut considérée comme un témoignage de sympathie auquel on fut sensible en Angleterre, au moins pendant quelque temps, jusqu’au jour où des hommes importants constatèrent que pratiquement la métropole n’en avait pas beaucoup profité. En Angleterre comme au Canada, l’intérêt finit par l’emporter sur la loyauté, et les manufacturiers canadiens qui n’avaient pas d’abord osé se plaindre, jetèrent