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LAURIER ET SON TEMPS

principe rendait aux catholiques leurs écoles séparées, mais ne pouvait avoir aucun effet pratique.

C’était un bill à deux faces, ni chair, ni poisson, une de ces lois subtiles qui permettent à des partisans politiques de se faire une conscience à leur guise, et de voter comme ils l’entendent.

C’était un remède dont les éléments constitutifs se combattaient mutuellement.

En effet, certaines dispositions du bill proposé permettaient au gouvernement du Manitoba d’éluder la loi, de la mettre à néant, en lui donnant le droit de nommer les membres du conseil chargé d’établir et d’administrer les écoles séparées, et de ratifier le choix des inspecteurs, et en donnant à ces inspecteurs le pouvoir de fermer les écoles séparées, s’ils ne les jugeaient pas égales aux écoles publiques.

On peut se faire une idée de ce qui serait arrivé si le gouvernement du Manitoba avait jugé à propos de mettre cette loi à exécution.

En outre, rien dans ce bill ne forçait le gouvernement du Manitoba à contribuer au soutien des écoles séparées.

Il est difficile de supposer qu’un gouvernement, obligé de mettre à exécution une loi imposée contre son gré, aurait voté les fonds nécessaires à son fonctionnement. Aussi trois membres protestants du cabinet fédéral ne craignirent pas de déclarer, afin d’apaiser leurs électeurs, que le seul droit accordé par le bill rémédiateur aux catholiques du Manitoba, était celui de se taxer autant qu’il le voudraient, mais qu’il ne leur permettait aucunement de toucher un sou du gouvernement fédéral ou du gouvernement provincial.

Malgré ses défectuosités, le bill était accepté par l’évêque et les autorités religieuses du Manitoba à cause de la reconnaissance du principe des écoles séparées qu’il contenait, et par les protestants amis du gouvernement, à