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LAURIER ET SON TEMPS


Les accusations de M. Tarte


M. Tarte avait commencé par être notaire à la campagne, mais il était trop remuant, trop ardent pour rester dans une profession si calme. Il était entré dans le journalisme, s’était fait remarquer par la vigueur de sa polémique, et, un jour, trouvant que l’espace lui manquait, il avait pris son vol vers la capitale, et était devenu rédacteur en chef du Canadien. C’était le mouvement fait homme, une machine électrique, un lutteur infatigable, un organisateur plein de ressources et de moyens, un écrivain et un orateur intarissable, à la pensée forte, à l’expression claire, nerveuse, frappante.

Après avoir combattu le mouvement Riel, il s’était rapproché du parti libéral, de Mercier surtout, et de Mercier était passé à Laurier. Pauvre, mais ambitieux, confiant dans sa force et convaincu qu’il n’occupait pas une position digne de son talent et des services qu’il avait rendus à ses amis, il résolut de se faire craindre et désirer par des coups d’éclat.

Avant les élections de 1891, il avait, dans son journal Le Canadien, lancé des fusées qui avaient éveillé l’attention publique. Il disait que le département des Travaux Publics et le ministre de ce département, M. Langevin, étaient à la merci de Thomas McGreevy et d’une compagnie d’entrepreneurs, composée de Robert McGreevy, frère de Thomas et de Laskin, de Connolly et Murphy. Après les élections, M. Tarte lança en plein Parlement la bombe qu’il préparait et chargeait depuis longtemps. Il déclara qu’il était prêt à