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LAURIER ET SON TEMPS


Laurier nommé chef du parti libéral


En 1887, pendant la session qui suivit les élections générales, M. Blake donna sa démission comme chef du parti libéral. Il était démoralisé par le résultat des élections ; la citadelle ministérielle avait résisté à ses assauts formidables. Vainement il avait consenti à modifier ses opinions sur la protection afin de rassurer les manufacturiers, en vain il avait dénoncé les abus du pouvoir et fait appel aux sentiments les plus élevés. Il avait soulevé la colère des loges orangistes en s’opposant à leur reconnaissance légale par l’État et en condamnant l’exécution de Riel, et la province de Québec ne lui avait pas donné l’appui qu’il avait le droit d’espérer.

Il faut dire que la politique des libéraux sur la question du tarif a été pendant vingt-cinq ans leur pierre d’achoppement. Au lieu de faire comme les conservateurs, de donner aux manufacturiers, aux ouvriers, aux électeurs en général, la protection réclamée à grands cris, ils entreprirent de lutter contre le sentiment public.

À tout événement, Blake crut qu’il ne devait plus continuer une lutte ingrate pour lui et pour son parti, et que son devoir était de confier le commandement des forces libérales à un chef plus heureux. Les libéraux étaient nerveux, inquiets, ils ne savaient comment remplacer un homme dont le talent et le caractère étaient si admirés et respectés. M. Blake les tira d’embarras en désignant lui--