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LAURIER ET SON TEMPS

troupes de l’Union, capitula, et le général Lee commença sa retraite avec l’intention de joindre son armée à celle du général Johnston. Il fut suivi de près par l’armée victorieuse, et le 7 avril, le général Grant lui envoya une lettre, dans laquelle il ne le sommait pas, mais l’engageait simplement à se rendre. Le général Lee refusa et continua de se battre ; mais deux jours plus tard, voyant que la situation était désespérée, il demanda une entrevue au général Grant et consentit à se rendre. Le général dicta ses conditions, l’armée fut renvoyée sur parole. Pas un soldat ne fut détenu, mais tous eurent leur liberté tant qu’ils ne reprendraient pas les armes et ne violeraient pas les lois des États-Unis. Il y eut en haut lieu aux États-Unis quelques personnes qui crurent que cela ne devait pas empêcher le gouvernement de poursuivre les chefs, car ils étaient certainement coupables de trahison. Le nouveau président des États-Unis, Andrew Johnson, prit même des mesures pour faire un procès au général Lee et à un certain nombre de ses principaux officiers ; mais le général Grant s’y opposa carrément. C’est là qu’apparaît la grandeur d’âme du général Grant ; il menaça de donner sa démission et de quitter l’armée si le général Lee et les autres prisonniers de guerre étaient mis en accusation. Quelques mois après, un comité du Congrès était saisi de la question. Le général Grant fut appelé devant le comité et rendit ce témoignage :

« J’ai dû fréquemment intercéder pour le général Lee et les autres officiers prisonniers sur parole, pour cette raison que, tant qu’ils respectent les lois des États-Unis, leur parole les protège contre toute arrestation et procès. Dans le temps, le Président entretenait l’opinion directement contraire, c’est-à-dire qu’il fallait faire un procès et punir. Il demandait quand le temps viendrait où l’on pourrait punir. Je répondis : Jamais, tant qu’ils obéiront aux lois et respecteront les termes de la capitulation.

« Eldridge. — Vous envisagiez cela comme une reddi-