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LAURIER ET SON TEMPS

eurent appris les atrocités commises dans la prison d’Andersonville et ailleurs, demandèrent que, si une amnistie était accordée, du moins ceux qui étaient coupables de ces cruautés fussent poursuivis en justice. Cependant, pas une goutte de sang ne fut répandue, aucun procès n’eut lieu et il est évident que cette façon d’agir a contribué à faire de la nation américaine la grande et puissante nation qu’elle est maintenant.

« Je regrette aussi que le gouvernement n’ait pas détaché une autre feuille de l’histoire du peuple américain. Il y avait une raison — une grande raison, à mon sens — pour l’engager à accorder, sinon l’amnistie, au moins une commutation de peine. Le 13 mai, le lendemain de la bataille de Batoche, le général Middleton, commandant des forces canadiennes, écrivait à Louis Riel :

« Monsieur Riel,

« Je suis prêt à vous recevoir, vous et votre conseil, et à vous protéger jusqu’à ce que votre affaire ait été décidée par le gouvernement canadien.

« Fred. Middleton. »

Riel se rendit alors. Est-ce sur la foi de cette lettre, de cette invitation du général Middleton, qu’il s’est rendu ? Il ne saurait y avoir là-dessus de meilleur témoin que le général Middleton lui-même :

« Mai, 15.

« J’envoyai des partis d’hommes à cheval, sous les ordres du major Boulton, pour battre les bois. Dans l’après-midi, deux éclaireurs, Armstrong et Hourie, qui avaient été envoyés avec Boulton et qui s’étaient détachés du parti d’eux-mêmes tombèrent sur Riel, qui se rendit en leur tendant une lettre, dans laquelle je le sommais de se rendre et lui promettais de le protéger jusqu’à ce que son affaire eût été prise en considération par le gouvernement canadien. »