plorable. Sir John Macdonald hésitait ; il craignait sans doute de prendre la responsabilité d’un acte aussi arbitraire, de poser un précédent si gros de conséquences, et il savait que le nouveau gouverneur, le marquis de Lorne, y était opposé. Afin de gagner du temps, il conseilla aux ennemis de Letellier de porter la question devant la Chambre. Sa proposition fut acceptée et M. Mousseau se chargea de mettre le feu au bûcher de l’infortuné lieutenant-gouverneur. Il répéta la motion faite, à la session précédente, par sir John Macdonald et fit un réquisitoire violent contre Letellier, l’accusant d’avoir agi injustement et inconstitutionnellement.
M. Mackenzie déclara qu’il était encore plus opposé que l’année précédente à l’intervention de la Chambre, vu que, depuis, la population de Québec avait donné une majorité au ministère Joly, qui avait assumé la responsabilité de l’Acte du lieutenant-gouverneur. Il termina ses remarques en disant que l’adoption de la motion Mousseau mettrait en péril l’autonomie des provinces, que la province de Québec devait plus que toute autre avoir à cœur de conserver intacte.
Laurier ne pouvait manquer de prendre la parole sur une question de si haute portée, où son talent pouvait se mouvoir à l’aise.
Il s’appliqua à démontrer que l’acte de Letellier était peut-être imprudent, mais qu’il était constitutionnel, et que les anciens ministres avaient provoqué leur démission par leur conduite inconvenante et arbitraire.
Il rappela que les conservateurs, pour faire accepter la Confédération, avaient dit qu’elle donnait à la province de Québec, le droit de se gouverner elle-même au moyen d’un gouverneur et d’un ministère français ; il cita, au milieu des applaudissements de ses amis, la première page d’une brochure dont M. Mousseau lui-même était l’auteur, et dans laquelle il disait avec enthousiasme :