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LAURIER ET SON TEMPS

et O’Connell l’avaient été en Angleterre et Lafontaine au Canada.

« Et quoi ! s’écria-t-il, c’est nous, race conquise qui irions maudire la liberté ! Mais que serions-nous sans la liberté ?… Serions-nous autre chose qu’une race de parias ? J’avoue bien que la liberté, telle qu’elle a été généralement comprise et pratiquée en France, n’a rien de séduisant. Les Français ont eu le nom de la liberté, ils n’ont pas encore la réalité. »

Afin de permettre à nos lecteurs d’avoir une idée de la beauté de cette conférence et de s’expliquer le succès extraordinaire qu’elle obtint, je crois devoir en reproduire la péroraison :

« Nous sommes un peuple heureux et libre ; et nous sommes heureux et libres, grâce aux institutions libérales qui nous régissent, institutions que nous devons aux efforts de nos pères et à la sagesse de la mère patrie.

« La politique du parti libéral est de protéger ces institutions, de les défendre et de les propager, et sous l’empire de ces institutions, de développer les ressources latentes de notre pays. Telle est la politique du parti libéral ; il n’en a pas d’autre.

« Pour apprécier toute la valeur des institutions qui nous régissent aujourd’hui, comparons l’état actuel de notre pays avec ce qu’il était avant qu’elles nous eussent été octroyées.

« Il y a maintenant quarante ans, le pays se trouvait sous le coup d’une émotion fiévreuse, en proie à une agitation qui, quelques mois plus tard, éclatait en insurrection. La suprématie britannique ne fut maintenue dans le pays que par la force de la poudre et du canon. Et cependant, que demandaient nos devanciers ? Ils ne demandaient rien autre chose que les institutions que nous avons maintenant ; ces institutions nous ont été accordées, on les a appliquées loyalement ; et voyez la conséquence : le drapeau britannique flotte sur la vieille citadelle de Québec, il flotte ce soir au--