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LAURIER ET SON TEMPS


Laurier à Ottawa


Lorsque, en 1873, le parti libéral arriva au pouvoir sous la conduite de McKenzie, Laurier fut sollicité de se faire élire pour le parlement fédéral, et il consentit.

Quand il mit le pied, pour la première fois, sur le parquet de la chambre des Communes, il dut avoir le pressentiment du grand rôle qu’il y jouerait, des applaudissements, des ovations même que son éloquence y soulèverait. Eut-il l’idée que de tous ces grands hommes qu’il regardait et écoutait avec tant d’intérêt… les MacDonald, les Mackenzie, les Blake, les Tupper, un jour, il serait l’émule et les éclipserait peut-être.

Choisi, à la session de 1874, pour proposer en français l’adresse en réponse au discours du Trône, il s’acquitta de sa tâche de manière à justifier la réputation qu’il s’était faite à Québec. Mais obligé de se renfermer dans le cadre étroit de l’Adresse et de parler une langue incomprise par les trois-quarts de la Chambre, son succès ne fut pas complet. Les circonstances ne devaient pas tarder à lui permettre de déployer ses ailes, de donner une manifestation éclatante de son éloquence.

En 1873, Riel était revenu des États-Unis avec la ferme résolution de forcer le gouvernement conservateur à remplir les promesses de pardon et d’amnistie qui avaient été faites par plusieurs ministres, et il s’était porté candidat dans le comté de Provencher pour le siège laissé vacant par la mort de sir Georges-Étienne Cartier. Il avait été élu