ses artistes ; il ne lui manquait rien pour être un centre intellectuel de premier ordre.
Laurier aime à parler d’Arthabaska, des années de bonheur qu’il y a passées en si bonne compagnie ; il dit comme il se sentait heureux, lorsque, jeune avocat, il allait plaider dans les Cours de circuit des villages environnants. Il a un souvenir ému des impressions qu’il éprouvait, lorsque, par un beau jour de printemps ou d’été, il cheminait sur les penchants pittoresques des montagnes et des collines ou sur les bords verdoyants des rivières, au milieu de tous les charmes d’une campagne ensoleillée. Ce qu’il y a chez lui du poète et de l’artiste se réveille à ce souvenir et se révèle par des pensées, des réflexions brillantes. Songeait-il alors, dans ces rêveries séduisantes, au grand rôle qu’il jouerait ? Avait-il l’idée ou l’ambition de devenir le premier homme de son pays ?
— Non, dit-il, en réponse à cette question, car j’étais heureux, et le plaisir que je goûtais dans la lecture et l’étude me suffisait, mais je voulais en même temps me rendre capable de faire mon devoir dans toutes les positions où je pourrais me trouver.
C’est vrai, l’ambition, comme plusieurs de ses sentiments, est passive ; elle a moins contribué que le sentiment du devoir et les circonstances à ses succès éclatants.