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LAURIER ET SON TEMPS

de faire disparaître une source de mécontentements et de plaintes légitimes.

L’honorable M. Gouin, qui sera bientôt premier ministre de la province de Québec, a fait dernièrement sur cette question, un travail rempli de faits et d’arguments irréfutables.

Quoi qu’il en soit, les dernières élections sont une éclatante démonstration de la popularité de Laurier et de son influence dans toutes les parties du Canada. Jamais homme public ne reçut de ses concitoyens un témoignage plus flatteur et plus mérité d’estime et de confiance.

Il en coûte de penser qu’une carrière si noble, si utile, si nécessaire même, devra prendre fin, mais il faudra bien qu’elle subisse le sort de tout ce qui est humain.

C’est une pensée inquiétante pour ses amis, pour tous ceux qui s’intéressent à l’avenir du pays.

On dit souvent qu’il n’y a pas d’homme nécessaire, qu’il se trouve toujours quelqu’un pour remplacer celui qui s’en va, et c’est l’opinion de Laurier qui est optimiste, et répète souvent qu’il y aura toujours parmi les Anglais comme parmi les Canadiens-français, des hommes assez sages pour faire triompher les idées de justice, de conciliation et de fraternité.

Il est permis d’être moins confiant, moins optimiste.

Il sera toujours si facile, dans un milieu comme le nôtre, soit par ambition ou fanatisme, de soulever et d’exploiter les sentiments ou les préjugés nationaux et religieux.

La période d’accalmie que nous traversons ne doit pas nous empêcher de voir les dangers, les éléments de conflit que renferme la Confédération.

Si la question nationale ou religieuse ne surgissait que dans de rares et exceptionnelles circonstances, ce serait moins inquiétant, mais non, elle se dresse constamment comme un spectre devant ceux qui gouvernent, à l’occasion