Page:David - Laurier et son temps, 1905.djvu/152

Cette page a été validée par deux contributeurs.
155
LAURIER ET SON TEMPS

trielle. Cependant, vû le refus constant des Américains de faire des concessions convenables, il a bien fallu à nos hommes d’État chercher ailleurs le marché dont nous avions besoin. Il semble que la meilleure manière de résoudre ce problème serait de garder le tarif de faveur vis-à-vis de l’Angleterre, et d’élever les droits sur tous les produits manufacturés venant des États-Unis ou d’ailleurs, pendant que le gouvernement anglais favoriserait nos produits naturels en imposant une taxe sur les mêmes produits importés des autres pays.

Mais qui réussira à convaincre le consommateur anglais qu’il doit, dans l’intérêt de l’empire, consentir à payer plus cher le pain qu’il gagne si péniblement ? Les grands sentiments de patriotisme et de loyauté laissent froids les estomacs vides. Mais Chamberlain est encore debout, plein de vie et d’énergie, il finira, peut-être, par trouver la solution du problème qui le préoccupe si profondément.

À Londres, au banquet présidé par le prince de Galles, Laurier disait :

« Le Canada est une nation, sa population est supérieure à celle de plusieurs nations européennes. Les colonies britanniques sont faites pour devenir des nations libres ; la nation canadienne l’est, et la liberté voilà sa nationalité. La séparation ne nous donnerait pas un seul droit que nous n’ayons déjà. »

En réalité, est-il sur la terre un pays plus heureux que le Canada, un pays où l’on trouve plus abondamment tous les éléments de progrès et de prospérité ?

Lorsqu’on voit tous les autres pays constamment exposés aux horreurs de la guerre et surchargés d’impôts pour soutenir des armées permanentes, on a bien le droit de faire cette question et de réfléchir avant de se jeter dans l’inconnu.

Laurier a plus que personne contribué à convaincre les