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LAURIER ET SON TEMPS


Madame Laurier


Madame Laurier a plus d’un point de ressemblance avec son mari. Comme lui, elle est douce, bienveillante, modeste, bonne pour ses parents, pour ses amis, pour tout le monde, et ne recule devant aucune fatigue pour aider ceux qui s’adressent à elle, à obtenir l’emploi qu’ils sollicitent, la faveur qu’ils demandent. Elle donne alors l’assaut aux places fortes du gouvernement avec une énergie et une impétuosité qui forcent les ministres à capituler.

Elle se plaît à favoriser les musiciens, les artistes, achète et fait acheter leurs compositions, ouvre des souscriptions pour leur permettre d’aller compléter leurs études en Europe, se rend à Montréal ou à Québec pour assister à des soirées organisées à leur profit.

Elle est généreuse sans exagération, économe sans avarice, pieuse sans affectation, gaie et rieuse avec réserve, franche et sincère dans ses affections. Les compliments, les éloges, les hommages et les honneurs ne lui tournent pas la tête, elle les reçoit, les juge et les pèse à leur juste valeur. Comme son mari, elle les reçoit par bienveillance et les accepte sous bénéfice d’inventaire, l’encens ne les grise pas plus l’un que l’autre.

Elle aime les fleurs, les enfants, les oiseaux, toutes les créatures, toutes les bêtes du Bon Dieu, elle les entoure de soins délicats et assidus. Elle a des larmes pour toutes les souffrances, des sympathies pour tous les êtres faibles, malheureux.

« Ma femme est une vraie Madeleine, dit Laurier ; un oiseau qui meurt, un chien qui se fait écraser une patte lui font verser des larmes. »