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LAURIER ET SON TEMPS

de se ressaisir. Il déploie alors une énergie dont on ne le croyait pas capable.

Il aime à rendre hommage au talent, à la vertu, à la sobriété, au travail, à reconnaître le mérite de ses adversaires, de ses ennemis même. Il fuit la calomnie, la médisance, il a horreur de tout ce qui est vil, grossier, de tout ce qui offense la raison et amoindrit l’homme.

Il aime la vie, il l’aimait surtout avant qu’il devînt malade, il la voudrait bonne, heureuse pour ses parents, ses amis, pour ses semblables.

Il y a chez lui de l’artiste, du poète, du philosophe et du philanthrope, du grand seigneur et du bon bourgeois, tous les raffinements de l’esprit le plus cultivé et la bonhomie du caractère le plus aimable, les dehors de dignité du premier ministre et l’affabilité de l’homme le plus modeste.

Son esprit souple descend facilement de la discussion des problèmes les plus élevés de la philosophie à la conversation la plus enjouée.

L’entendre rire et parler fait du bien, sa voix est douce comme sa nature, sa parole gracieuse comme son caractère.

La compagnie des femmes d’esprit lui plaît, et il est avec elles d’une délicatesse, d’une politesse exquises. Il aime les enfants et n’en ayant pas à lui, il veut avoir ceux de ses frères et de ses amis autour de lui, à sa table ; leur babil et leur naïveté l’enchantent ; il s’intéresse à eux, les amuse, les gâte même. Malheur à ceux qui leur font de la peine en sa présence ! il a une manière de dire : « Pauvre petit » qui désarme les cœurs les plus endurcis.

Il s’intéresse à la jeunesse, aux jeunes gens de talent, à ceux qui travaillent et dont la conduite est bonne, honorable. Il s’informe de ceux qui vont s’établir dans les centres anglais, et il est heureux lorsqu’il apprend qu’ils se