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LAURIER ET SON TEMPS

par l’étude et le travail, de lutter contre les autres nationalités dans les sphères du commerce et de l’industrie, comme dans l’arène parlementaire.

La Confédération a été un cruel désappointement pour ceux qui berçaient leur patriotisme des rêves les plus brillants sur l’avenir de la race française au Canada, et ils ne sont pas encore complètement rassurés. L’exécution de Riel, l’abolition de l’usage officiel de la langue française au Manitoba et dans les territoires du Nord-Ouest, l’excitation religieuse ou nationale soulevée par la question des écoles et la guerre du Transvaal, les font réfléchir. Si déjà ces vastes et riches régions du Nord-Ouest ont déchaîné sur les vieilles provinces, des tempêtes qui ont secoué puissamment les fondements de la Confédération, ils se demandent ce qui arrivera, lorsqu’elles seront représentées dans le Parlement par une députation à peu près égale à celle de Québec.

Quel rôle jouera l’élément canadien-français dans les conflits que l’avenir nous réserve, dans la lutte qui se fera pour la prépondérance.

Quoiqu’il en soit, les plus craintifs admettent que, pour le moment, la politique de Laurier est la plus sage, la plus pratique, la plus favorable au développement, dans la paix et l’harmonie, des immenses ressources du pays, la plus propre à assurer les destinées du Canada français.

Ils ne sont pas rares maintenant ceux qui croient comme lui, que le contact journalier des Canadiens-français avec une race si positive, si pratique, est pour eux un élément de force et de progrès, sous le rapport moral et national, comme au point de vue matériel, que la province de Québec, séparée des autres provinces, se serait consumée dans des dissensions intestines, dans des discordes religieuses déplorables.