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LAURIER ET SON TEMPS

C’est ce qui fait sa force dans la position qu’il occupe, à la tête d’un gouvernement et d’une Chambre dont la grande majorité est anglaise et protestante. Il est exactement au physique comme au moral ce qu’il faut qu’il soit dans la position difficile qu’il occupe, dans un milieu où la chaleur des sentiments et l’ardeur du tempérament l’auraient empêché de contrôler aussi facilement ses actions et ses paroles.

Combien de temps Mercier, malgré son talent, serait-il resté premier ministre du Canada, si toutefois il eut réussi à le devenir ?

Il est religieux, il a un grand respect de la divinité, de ses lois et de ses commandements, mais, sous ce rapport encore, l’exagération et l’abus le froissent. L’inclination de son esprit à n’accepter que ce qu’il comprenait, à chercher la raison de tout, dans l’ordre moral comme dans l’ordre physique, lui causa, dans sa jeunesse, beaucoup d’ennuis et de soucis. Les mystères et les problèmes de la religion tourmentaient sa raison. Mais l’étude, l’expérience et la réflexion ne tardèrent pas à le faire entrer dans la voie où l’on trouve la paix de l’âme, la tranquillité de l’esprit. Tout esprit droit arrive nécessairement à la conclusion qu’il y a plus de paix et de bonheur, pour l’individu comme pour la société, dans la foi naïve et ardente du charbonnier que dans les théories froides et délétères de la philosophie moderne.

Toutes les institutions d’origine divine ou humaine, administrées par des hommes, ont des côtés faibles, il faut les juger par l’ensemble de leurs œuvres, de leurs résultats. Quelques pierres détachées des pyramides empêcheraient-elles d’admirer la grandeur de ces monuments et la puissance de ceux qui les ont construits ?

L’origine divine du christianisme devient de plus en plus évidente. Or, la seule manière logique d’être chrétien est d’être catholique.

Il n’y a pas de doute que la sagesse dont Rome a fait