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LAURIER ET SON TEMPS

Un jour, M. Chapleau, greffier du Sénat, faisait, en présence de Laurier, la description d’une bataille à laquelle il avait pris part, dans la guerre de Sécession, Laurier l’arrêta poliment, à un certain moment, pour lui dire :

— Pardon, capitaine, mais je crois que la charge de cavalerie du général X… n’eut pas lieu exactement comme vous le dites, et il raconta ce qui s’était passé.

— Diable, dit M. Chapleau ! j’avais oublié… c’est vrai… c’est bien cela.

Quel don précieux que la mémoire pour l’orateur, pour l’homme qui aime la lecture, les livres !

C’est le temps de dire que doué, comme il l’est, de toutes les facultés intellectuelles, Laurier serait devenu, s’il l’eût voulu, un écrivain de premier ordre. Ses premiers écrits dans les journaux, sa conférence sur le libéralisme, et plusieurs autres essais en font foi. Comme historien, il aurait excellé. Il aurait écrit l’Histoire à la manière de Macaulay et de Michelet, sous le rapport du style et de la méthode.

Le choix des livres qui composent sa bibliothèque indique les tendances de son esprit. L’histoire, la politique et la haute littérature y sont largement représentées par les auteurs anciens et modernes les plus célèbres, les plus classiques.

Ce qui précède était écrit lorsque j’ai lu dans un journal, l’appréciation que vient de faire du talent de Laurier un écrivain anglais bien connu, M. Porritt. Je crois devoir la reproduire.

« Après avoir passé, dit-il, six ans à Westminster, je ne fus pas moins de douze ans à Washington et très souvent, à différents intervalles, à des législatures d’États. J’ai vécu, toujours comme correspondant parlementaire, dans l’Afrique du Sud, et depuis 1896, je suis allé à Ottawa, pour y assister aux séances du parlement, durant la semaine d’ouverture et chaque fois qu’une question présentant de