sins et des ouvrages de fantaisie, que les voisins admiraient. Elle était parente de la mère de notre poète national M. Fréchette, laquelle était aussi une demoiselle Martineau.
Laurier et Fréchette appartiennent donc par le côté maternel à la même famille. Ce n’est pas étonnant : l’éloquence et la poésie sont proches parentes.
Laurier eut le malheur de perdre sa mère lorsqu’il n’avait que quatre ans, mais son père se remaria et lui donna une belle-mère, qui fut pour lui une excellente, une vraie mère.
Son enfance n’offre rien de particulier, si ce n’est qu’on le remarquait pour sa bonne tenue, ses jolies manières et l’aménité de son caractère. Lorsque les bonnes femmes du village le voyaient passer, elles disaient : « Tiens, voici le petit monsieur qui passe. » Elle ne se doutaient pas que ce petit monsieur illustrerait non seulement le lieu de sa naissance, mais le pays tout entier.
À l’école et au collège de l’Assomption, où il fit ses études, il se distingua par la facilité avec laquelle il apprenait tout, par un esprit vif, brillant, réfléchi et curieux, enclin à n’accepter que ce qu’il comprenait, par un talent de parole remarquable et par un caractère où la douceur n’excluait pas l’énergie ni un certain sentiment d’indépendance et de fierté de bon aloi.
Il était soumis et studieux, religieux même, mais sans enthousiasme, d’une manière modérée, sans entraînement. On pouvait prévoir dès lors que la modération, la réserve, la réflexion et le tact seraient quelques-unes des qualités principales de son caractère et de son esprit.
Mais deux choses avaient le pouvoir de le stimuler, de le faire sortir de sa réserve : la politique et la justice, les luttes du forum et du palais. Il viola plus d’une fois le règlement pour aller entendre les orateurs et les avocats célèbres de cette époque, lorsque par hasard ils allaient plaider ou pérorer dans le village de l’Assomption. Cet amour