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LAURIER ET SON TEMPS

dans les circonstances, serait désastreuse pour la paix religieuse et nationale du Canada.

Laurier aurait refusé d’accepter toute modification qui aurait pu être considérée comme une reculade, comme un abandon du principe des écoles séparées. Mais il ne pouvait laisser le pays a la merci des éléments dangereux qu’il avait déchaînés, lorsque les libéraux anglais, un moment égarés, ne lui demandaient que de rendre plus claire la clause du bill qui consacrait le maintien des écoles telles qu’elles existaient.

Il ne pouvait exposer les catholiques du Nord-Ouest à perdre les avantages dont ils jouissent, sur une querelle de mots, sur une différence d’interprétation qui ne portait pas sur le fond de la question.

L’opposition acharnée que les loges orangistes et les torys d’Ontario continuent de faire à la loi amendée donne l’idée de ce qui arriverait si le sort des écoles séparées était entre leurs mains. Elle jette aussi un jour éclatant sur les motifs qui les engagèrent, en 1896, à accepter le bill remédiateur, sur la manière dont cette loi aurait été mise à exécution.

L’abrogation des ordonnances, seule, aurait rendu pleine et entière justice aux catholiques du Nord-Ouest, or, elle était impossible, elle aurait provoqué une guerre civile. En acceptant l’amendement, il mettait fin à une crise terrible et sauvait ce qui pouvait être sauvé.

Il l’accepta et il vient de le proposer à la Chambre, dans un discours plein de dignité et de fermeté. Mais la tempête de fanatisme continue, la presse jaune dénonce l’amendement comme un leurre destiné à tromper la Chambre et le pays.

M. Monk, chef de l’opposition dans la province de Québec, vient de porter un coup mortel à la croisade des fanatiques ; dans un discours superbe où il a dénoncé la campagne odieuse qui se fait en ce moment, et démontré,