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LAURIER ET SON TEMPS

clairement basée sur la loi et la justice et qui ne faisait en réalité que consacrer l’ordre de choses existant.

Mais à côté des fanatiques qui voulaient profiter de l’occasion pour faire disparaître tout ce qui était de nature à empêcher le Nord-Ouest de devenir un pays essentiellement anglais et protestant, il y avait des libéraux anglais qui reprochaient au projet de loi d’aller au-delà de l’ordre de choses existant.

Ils disaient que d’après la section 93 de l’Acte Fédéral, les nouvelles provinces devaient entrer dans l’Union avec le système d’écoles séparées alors en vigueur. Or, ils affirmaient que les ordonnances adoptées par le gouvernement du Nord-Ouest, n’ayant été ni désavouées ni contestées devant les tribunaux, faisaient légalement partie du système des écoles et ne pouvaient être mises de côté sans porter atteinte au principe de l’autonomie provinciale.

Laurier admettait qu’il n’avait pas voulu aller au-delà de l’ordre de choses existant et que les seules clauses des ordonnances incompatibles avec les dispositions du bill, seraient affectées. Les adversaires du bill disaient que cette question de compatibilité serait un nid de procès, une source de friction et de complications.

Bref les deux groupes du parti libéral crurent que la différence entre eux n’était pas assez profonde pour qu’ils ne pussent s’entendre, et ils résolurent d’adopter un amendement qui assurerait pour toujours l’existence des écoles séparées dans le Nord-Ouest, conformément à la section 93 de l’Acte Fédéral et suivant les ordonnances 29 et 30 adoptées par le gouvernement du Nord-Ouest.

Laurier avait longtemps hésité, il était humilié, et il se demandait s’il ne devait pas profiter de l’occasion pour prendre sa retraite. Il avait même offert, dit-on, de démissionner en faveur de M. Fielding, si celui-ci voulait entreprendre de faire passer le bill tel qu’il était — M. Fielding aurait refusé en disant que personne ne pouvait, sans Laurier, entreprendre de gouverner le pays, que sa retraite,