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LAURIER ET SON TEMPS

Tous les ministres et représentants des colonies anglaises avaient été invités à faire connaître leurs opinions dans des conférences destinées à devenir célèbres.

Chamberlain les somma respectueusement mais énergiquement de contribuer à l’œuvre de conservation et de défense de l’empire, leur offrant, comme compensation, la représentation des colonies dans les conseils de la nation. Il rencontra chez les représentants du Canada et de l’Australie, une résistance qui le déconcerta. La position sympathique que Laurier avait prise à l’égard de l’Angleterre sur la question du Transvaal et de l’envoi des contingents ainsi que sur le tarif de faveur, lui avaient donné des espérances. Mais fidèle au programme qu’il s’était tracé et aux déclarations qu’il avait faites devant le Parlement, Laurier refusa d’engager le Canada dans la voie de l’impérialisme. Il proclama hautement que le Canada voulait garder toutes ses ressources et ses forces pour le développement de sa prospérité, et ne pouvait se laisser entraîner dans le gouffre du militarisme, mais qu’il était prêt à faire tout ce qui était nécessaire pour sa propre défense. Quant aux relations commerciales de l’Empire avec la colonie, le gouvernement canadien avait déjà manifesté ses intentions d’une manière pratique, et il avait l’esprit ouvert à tout projet qui avait pour but et pour effet de resserrer ces relations.

Ces déclarations furent la base des résolutions adoptées par la Conférence impériale.

Chamberlain avait eu recours à toutes les ressources de son intelligence pour engager les représentants du Canada, Laurier spécialement, à modifier leur manière de voir, mais Laurier resta inaccessible à toutes les séductions. Il fut fortement secondé dans sa lutte contre le grand fauteur de l’impérialisme par ses dignes collègues, MM. Fielding, Mulock et Paterson. Ce fut une lutte énervante qui