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un instant, une minute, avoir sans cesse le harnais sur le dos. « On ne travaille pas assez, disait-il souvent ; il y a trop de paresseux dans le monde. » « Travaillez donc, dit-il, dans un moment de mauvaise humeur à quelqu’un qui lui demandait un conseil ; étudiez et vous saurez ce que je sais. Comment ai-je appris cela, moi, pensez-vous que c’est en dormant ? » Il aurait pu ajouter que c’était en travaillant quinze heures par jour. Aussi, bâti pour vivre jusqu’à quatre-vingts ans au moins, il n’est pas allé jusqu’à soixante.

M. Cartier était petit, mais assez bien pris de taille, osseux, nerveux et fortement constitué, léger, vif et saccadé dans ses mouvements. Il avait le front bien fait, massif et droit, le regard brûlant et mobile, le teint coloré, la bouche haute, le bas du visage fortement développé, la physionomie ouverte, pleine de feu et d’intelligence. On devinait facilement, en le voyant, un homme travaillé par la pensée, dévoré par le besoin d’agir ; il courait plutôt qu’il ne marchait, regardant partout, voyant tout le monde, remarquant tout et sachant toujours ce qu’il faisait, ne perdant jamais le fil de sa pensée.

M. Cartier n’était pas un homme à théories brillantes ; comme il pensait plutôt pour agir que pour le plaisir de penser, il ne voyait en toutes choses que le côté pratique, il dépouillait une question de tous ses ornements pour n’en prendre que la moëlle, la substance.