Page:David - Esquisse biographique de Sir George-Étienne Cartier, 1873.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 18 —

et un dévouement sans bornes pour ses amis politiques. Ce dévouement l’a même porté trop loin en lui faisant donner des charges et des honneurs à des hommes qui en étaient peu dignes.

Dans tous les cas, il n’était plus le même homme dans les relations de la vie privée, où il se montrait aimable, cordial, hospitalier, libéral à l’excès. On sait qu’il aimait à recevoir et qu’à Ottawa comme à Montréal et à Québec, il ouvrait toutes les semaines sa maison à ses amis dont plusieurs étaient ses adversaires politiques. Personne, dans les réunions où il se trouvait, ne parlait, riait, chantait et dansait avec plus de verve et d’entrain ; il avait des éclats de rire à briser les vitres, faisait des jeux de mots qui n’étaient pas toujours des chefs-d’œuvre, et trouvait le moyen de plaire à tout le monde, de mettre dans tous les cœurs la joie et la gaîté. On partait de chez lui avec l’intention d’y revenir et bien décidé à lui pardonner dans l’intervalle ses impatiences et ses sarcasmes.

Une des qualités qu’on admirait le plus chez lui était la fidélité à la parole donnée ; lorsqu’il faisait une promesse il la tenait per fas et nefas.

Son amour du travail comme son énergie est passé en proverbe ; on ne peut se faire une idée exacte de la somme de travail qu’il faisait tous les jours, du zèle qu’il employait à tout savoir, à tout voir et à tout faire. Il mettait à travailler la passion que d’autres mettent à s’amuser ; il aurait voulu ne jamais perdre