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LES SAUVAGES DE SAINT-CASTIN

le ridicule de la situation. Il employa le Soleil d’Afrique, jusqu’en septembre, à croiser dans le Saint-Laurent. Après quoi, Bonaventure mena Villebon à Port-Royal.

Le gouverneur de l’Acadie trouva sa petite capitale sans garnison. Il hissa les couleurs françaises, puis il délia la population de son serment de fidélité au roi d’Angleterre. Mais les Acadiens, constatant que la France ne se prémunissait pas plus qu’auparavant contre les incursions anglaises, apercevaient dans le retour des Français la perspective de nouvelles dévastations.

Villebon s’en alla en amont de Jemseck, à Naxouat, construire le fort Saint-Joseph dont il fit sa capitale. En route, il captura un navire bostonnais, qui amenait à Port-Royal le colonel Edward Tyng, et le tortueux John Nelson récemment nommé commissaire de la Nouvelle-Écosse. Villebon les envoya à Québec.


Le succès des partis organisés par Frontenac, exploité ensuite par les guerriers indiens, puis le lamentable fiasco de Phipps devant Québec avaient paralysé la Nouvelle-Angleterre, ainsi que nous l’avons vu. Villebon était tranquille. Il se porta même à l’attaque, modestement, afin de répondre dans une certaine mesure à l’espoir du roi.

Comme les sauvages déposaient les armes, à cause des difficultés du ravitaillement, il eut recours aux corsaires, Robineau de Nantes, François Guyon, et surtout Pierre Maisonnat qui ensevelissait sous le nom de Baptiste une vie tumultueuse et une bigamie accentuée.


— IV —


Les Indiens reprennent les armes. — Les Abénaquis avaient d’abord respecté la trêve signée en novembre 1690, au point que Saint-Castin avait envoyé par canots des lettres dans lesquelles le gouverneur de Boston priait Frontenac d’inviter les Abénaquis et les autres Indiens à relâcher leurs prisonniers. Ainsi, la paix revenue, notre homme reprenait-il contact avec la Nouvelle-Angleterre. Neutre à ce moment-là, comme ses Abénaquis, il servait d’intermédiaire entre les gouverneurs séparés par l’état de guerre.

Mais, dès janvier 1691, des bandes se lançaient sur le sentier de la guerre. Pourtant, la trêve ne prit fin qu’au mois de mai à l’égard de Sagadahock. Boston envoya