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LE BARON DE SAINT-CASTIN

Durant cette campagne, les Indiens avaient fait preuve d’une cruauté inusitée. Les Anglais avaient pris l’habitude, depuis la guerre des Pequots, de vendre leurs captifs comme esclaves. De même les sauvages se mirent à céder aux Français, moyennant finance, leurs prisonniers les plus considérables. Quant aux autres, ils les mettaient à mort, touchant ensuite une prime pour le scalp. Mais il est remarquable qu’ils épargnaient les femmes (Sylvester, II, 445).

Les chroniqueurs attribuaient leur ardeur à l’influence française. Saint-Castin, en effet, se donnait pour tâche de détruire tous les établissements situés trop près de Pentagoët.


La Nouvelle-Angleterre traversait une mauvaise passe. Le 4 novembre 1690, le capitaine Nicholson écrivait aux « lords du commerce et des plantations » que les colonies septentrionales étaient dans un état lamentable. Les Français et les sauvages, écrivait-il, avaient tué ou capturé un millier de colons. Plusieurs villes, forts et plantations avaient été détruits, certains à moins de trente milles de Boston.

Le 29 novembre 1690, le capitaine John Alden réussissait à conclure, dans Sagadahock, une trêve avec les Eastern Indians 45. Cependant, quand le gouverneur Danforth voulut signer avec eux un traité solennel, les sachems ne se montrèrent pas au rendez-vous 46

Les sauvages et Saint-Castin se ménageaient un simple répit afin d’étudier la tournure des événements. La Nouvelle-Angleterre venait de recevoir un homme énergique, qui annonçait de formidables expéditions. Et, en effet, s’il ne réussit guère dans ses vastes entreprises, il fit du moins d’utiles diversions.