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LA GUERRE DE SAINT-CASTIN

la rivière Lamphrey. Le lendemain, ils se montraient à Exeter, mais l’arrivée du lieutenant Bancroft les mettait en fuite, non sans qu’ils eussent tué plusieurs soldats anglais.

Les capitaines Floyd et Wiswall les poursuivirent activement et une nouvelle bataille eut lieu à Wheelwright’s Pond. Après plusieurs heures d’une lutte acharnée, les Anglais abandonnaient le terrain. Mais les Indiens avaient eux-même subi de lourdes pertes ; ils s’en allèrent vers l’Ouest, se battant sans cesse sur leur route, tuant au moins 40 Anglais entre Amesbury et Lamphrey. Hopehood trouva la mort dans l’un de ces combats.

La guerre continua dans l’Est. À la suite de la bataille de Wheelwright’s Pond, où les Anglais avaient eu le dessous, le gouvernement du Massachusetts leva une petite armée de 300 hommes dont il confia le commandement à Church, devenu major.

Parti de Portsmouth vers la mi-septembre, Church débarqua à Casco, d’où il se dirigea vers Pejebscot. Comme il approchait de ce fort, il aperçut dans les champs Robin Dony, métis de Français et de Sokokis, qui s’enfuyait vers le fort, abandonnant sa femme à la galanterie anglaise. Il commettait une grave erreur. Moins chevaleresques que ne l’étaient d’habitude les Abénaquis, les Anglais fusillèrent la femme.

Prévenus par Dony, les quelques sauvages de l’endroit se dispersèrent dans les bois. Church n’en captura qu’un, mais trouva plusieurs femmes et des enfants dans le fort. Les malheureux promettant de livrer quatre-vingts prisonniers anglais, le major leur accorda la vie sauve. Le lendemain, il se ravisait. À l’exception de deux vieilles squaws, il fit assommer et enterrer femmes et enfants « pour l’exemple », acte d’autant plus odieux que deux prisonnières anglaises délivrées dans le fort l’avaient supplié à genoux d’épargner les Indiens qui avaient été bons pour elles. Ayant poursuivi et fusillé à divers endroits des Indiens isolés, Church rentra triomphalement à Portsmouth. N’ayant pas accompli plus qu’à Saco l’année précédente, il se vanta tout autant 44. Ce qui permet à Sylvester (vol. II, p. 151) de porter sur lui ce jugement : « Church nous apparaît comme un matamore plein de suffisance, pour qui la chasse aux Indiens à moitié armés constituait un passe-temps passionnant ».