Page:Daviault - Le Baron de Saint-Castin, chef abénaquis, 1939.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.
82
LE BARON DE SAINT-CASTIN

par le Massachusetts. De son côté, Plymouth dépêchait le capitaine Church avec de nombreux volontaires. Mais ni Swayne, ni Church ne purent se mesurer avec les sauvages. Fidèles à leur tactique, dès l’apparition d’une force considérable, les Abénaquis se dispersaient dans les bois ; leurs ennemis s’épuisaient en courses inutiles. Cependant, ils fallirent tomber dans le guêpier. Sachant Casco peu défendu par le capitaine Hall, ils y mirent le siège. Le jour même où ils allaient livrer assaut, Church débarquait ses deux cents hommes. Militaire expérimenté, le nouveau venu organisa la défense de main de maître. (On verra par la suite que l’offensive ne lui réussissait pas aussi bien.) S’étant fait tuer plusieurs hommes, les Indiens abandonnèrent le terrain afin de s’attaquer à moins forte partie. Saint-Castin les commandait alors et le père Thury, à Pentagoët depuis 1684, les accompagnait.

Tout glorieux d’un exploit peu coûteux, Church rentra chez lui 35. Swayne chercha les sauvages pendant quelque temps, puis il quitta la place lui aussi.


— IX —


La vengeance de Frontenac. — 1689 ! Année sombre pour la Nouvelle-France. Soudoyés par les Anglais, irrités par les vexations stupides de Denonville et de son prédécesseur, les Iroquois envahissent la colonie. À l’aube du 5 août, 1 500 d’entre eux, poussant leurs sinistres whoop, whoop, tombent sur les habitants de Lachine.

Denonville, dans Montréal et sans ressources, perd la tête. Un des LeMoyne sauvera la situation. L’aîné des frères héroïques, Charles de Longueuil, rassemblant en hâte cent hommes de troupes et cinquante sauvages, court au-devant de quinze cents guerriers mis en appétit par un premier massacre. Dix contre un ! L’affaire est désespérée, ils se battent en désespérés. Le soir, M. de Longueuil revient sur le dos de quatre sauvages, la jambe brisée, avec un soldat et douze Indiens. Les autres ont été tués, ou pris par les Iroquois. Montréal est sauvé.

Cependant, les Anglais, afin de mettre à profit la démoralisation des Français, attaquent les forts Frontenac et Niagara et lancent des troupes contre Montréal ou Québec. Les affaires du Canada vont mal. Pour redresser la situation, Versailles pense à l’ancien général de Can-