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LA GUERRE DE SAINT-CASTIN

places. Les autres postes étaient renforcés, si bien qu’il y eut bientôt assez de troupes, au dire de Willis, « pour protéger toute la frontière du Maine ».

À l’approche de l’hiver, les sauvages s’étaient retirés dans leur territoire. Andros choisit ce moment pour marcher contre eux, à la tête de mille hommes. Les Indiens, réfugiés dans les bois, devinrent insaisissables. Ils se volatilisaient, chaque fois qu’un éclaireur les signalait et que le Bostonnais accourait avec ses soldats. La température était rude. La troupe d’Andros fondait par l’effet des fatigues et des intempéries. Ce que voyant et n’osant rentrer dans sa capitale, Andros alla compléter les fortifications de Pemquid, puis élever de nouveaux forts à Pechypscott et à Sheepscott. Mais les soldats ne se trouvèrent pas mieux de ce service et ils continuèrent à mourir comme mouches. Andros abandonna la partie.

Les sauvages sortirent alors de leurs cachettes. Le 23 janvier, une lettre apprenait au major Frost, commandant en chef de l’année coloniale, que, la veille, les Indiens avaient surpris Saco, détruit plusieurs maisons de ce poste et tué huit ou neuf personnes.


— V —


Détresse de l’Acadie. — Les affaires de l’Acadie ne s’amélioraient pas.

Louis-Alexandre des Friches seigneur de Menneval était animé des meilleures intentions du monde lorsqu’il succéda au gouverneur Perrot. Les intentions seules ne mènent à rien. Versailles s’en contentait pourtant. Comme ses prédécesseurs, Menneval manquait de soldats et d’argent. « Je commence à désespérer, écrivait-il dès 1688, de voir les navires que nous attendons toujours et qui cependant ne viennent point. Si nous passons jusqu’à la Toussaint sans recevoir de secours, je ne sais en vérité ce que je ferai, car je me vois dans des embarras dont un plus habile homme que moi aurait peine à se bien tirer ».

Il souffrait surtout de l’esprit d’intrigue répandu dans son maigre état-major et il se plaignait de ces jeunes officiers « bavards, malveillants, acrimonieux, qui assiègent le Ministère de récriminations peu fondées ». Sa lettre se terminait sur une note pathétique : « Si l’année prochaine je ne sors pas d’ici, ou j’y mourrai de