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LA GUERRE DU ROI PHILIPPE

Les négociations aboutirent au printemps de 1678. Commissaires pour le gouvernement du Massachusetts, le major Shapleigh de Kittery, le capitaine Champernoon et M. Fryer de Portsmouth, signèrent à Casco, avec Squando et les autres sachems, un pacte qui obligeait chaque colon à payer un tribut annuel d’un minot de maïs aux Indiens pour la possession des terres. Traité humiliant, note Belknap, mais juste, puisque le pays appartenait aux indigènes.

Au mois d’août, sir Edmund Andros, gouverneur de New-York, expédiait une corvette pour prendre définitivement possession des domaines concédés au duc d’York dans Sagadahock. Appuyés d’une troupe imposante, les Anglais construisirent un fort à Pemquid afin de défendre la région contre les empiètements des foreigners (Belknap). Or, ils trouvèrent les Indiens animés de dispositions pacifiques, et l’automne et l’hiver se passèrent paisiblement dans ce coin.

Ainsi prit fin la seconde et dernière époque de la guerre du roi Philippe. Les colonies étaient épuisées ; tout le Maine, à l’est de Scarborough, dépeuplé ; Falmouth, un monceau de ruines. La côte, de Scarborough à Casco, n’offrait au regard que des fermes abandonnées 20.


— VI —


Les grands chefs. — Les Anglais, qui avaient eu beau jeu avec Philippe, se demandaient par quels moyens les Indiens de l’Est menaient la guerre si rudement contre une colonie forte de 700 hommes de troupes régulières, comment, en particulier, les indigènes se procuraient les armes et les munitions nécessaires.

On échafauda des conjectures. Les puritains les plus exaltés, voyant dans la soutane une émanation du démon sur la terre, accusaient les Jésuites. Mais les gens mieux renseignés savaient, par les espions indiens, que les prêtres avaient quitté la région depuis 1654. Les Indiens, méditant leurs expéditions depuis belle lurette, pensait-on, avaient accumulé armes et munitions au temps où les Anglais leur en vendaient librement.

Cette explication ne résistait pas à la réflexion. Les sauvages n’avaient jamais acheté assez de poudre pour