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LA GUERRE DU ROI PHILIPPE

ses troupes, commandées par Standish, exterminer la tribu récalcitrante 7.

Une guerre importante ne tarda pas à éclater. En 1635, soixante colons du Massachusetts fondaient Hartford et Wethersfield, puis Saybrooke. Ils s’emparaient des terres ensemencées de maïs, sans même en demander la permission aux Indiens. Les Pequots, ainsi dépossédés, protestèrent. Les Anglais, par l’intermédiaire de leur allié, Massasoit, proposèrent un traité, aux termes duquel les Pequots auraient livré les protestataires, renoncé à tout droit sur les terres de la nouvelle colonie du Connecticut, et considéré à jamais les colons comme des amis. Traité unilatéral, qui ne comportait aucune obligation, aucune concession de la part des Anglais.

Sans s’attarder aux négociations, constatant de nouveau la mauvaise foi de leurs voisins, les Pequots marchèrent sur le fort de Saybrooke, où ils furent repoussés. L’année suivante, le capitaine John Mason partait de Boston, à la tête de 150 hommes, troupe qu’il grossit de nombreux sauvages entraînés dans le conflit par les plus terribles menaces. Chasse impitoyable aux Pequots, incendie des villages, guets-apens, Mason ne recula devant aucun moyen. Deux mille guerriers, femmes et enfants furent tués et mille prisonniers, vendus aux Indes comme esclaves.

La cruauté systématique des puritains confond l’imagination.

Les anecdotes révélatrices ne manquent pas. Empruntons d’abord celle-ci à Daniel Neal, auteur non suspect de partialité à l’endroit des Indiens. « Le sagamore John se rendit et, pour se concilier les bonnes grâces des Anglais, amena avec lui deux prisonniers : Matoons et son fils… Les colons accordèrent la vie sauve au fils, mais ordonnèrent au sagamore John de tirer sur le père, ce qu’il fit » 8.

Les bons puritains se réjouissaient en termes papelards de ces boucheries. « Nous avons envoyé des soldats que Dieu a favorisés dans leurs entreprises jusqu’à la destruction totale des Pequots… Ainsi a-t-il plu au Seigneur de nous délivrer cette fois encore, et de répandre parmi les Indiens la terreur de l’Anglais » 9. C’est Dieu qui « avait permis à Satan d’inspirer aux Pequots l’idée de tuer des Anglais ».